Réflexion sur le carême – Wedner Bérard, o.m.i. 2024
Réflexion sur le carême
Nous pensons toujours au désert comme une période d’épreuve, de difficulté, une période à éviter. Mais si vous faisiez attention. C’était l’Esprit qui poussait Jésus dans cet état. En fait, avant même d’être un endroit, le désert est un état intérieur, dans lequel vous êtes appelés à vivre en combattant de toutes vos forces, dans la foi et dans la confiance.
Jésus reste 40 jours, se souvenant du temps des 40 ans qui constituent dans la mentalité juive le temps d’une génération. Il faut 40 ans pour générer un nouveau peuple (Israël dans le désert) ou un nouveau royaume (l’époque où David et Salomon étaient rois). Il faut 40 jours pour que Jésus change sa vie et prenne pleinement conscience de la tâche pour laquelle il a été envoyé dans le monde. 40 jours dans le désert entre son baptême et sa vie publique. Moïse qui était resté 40 jours sur la montagne (exode 34/28). Le prophète Elie avait marché 40 jours dans le désert (1 rois 19/8)
Marc ne nous dit pas quel genre de tentations il a subies et nous dit plutôt que dans le désert il n’était pas seul, mais il y avait la nature (bêtes sauvages) et la grâce (anges) pour l’aider. Comme pour dire que sur le chemin de la conversion que le Désert nous demande de vivre, nous ne sommes jamais seuls, mais la réalité et Dieu sont à côté de nous afin de ne pas nous faire trébucher.
Le désert un lieu de difficultés mais aussi de présence divine, de rencontre, de combat mais aussi de victoire et de transformation. St Ambroise nous dit «Jésus rempli de l’esprit saint est conduit au désert à dessein pour provoquer le diable. Car si celui-ci n’avait pas combattu, le Seigneur n’aurait pas triomphé pour moi.
Au désert, le peuple hébreu s’est révolté contre Dieu. Jésus a lui aussi connu les tentations et les épreuves qui sont celles de tous les humains. Mais parce qu’il est habité par l’Esprit, il en est sorti vainqueur. Dans notre vie, le carême n’est pas un contre temps fâcheux. C’est un temps de libération, de conversion, d’amélioration. Nous sommes invités à nous libérer de tout ce qui nous empêche d’aller vers les autres et vers Dieu. C’est un temps pour aimer : “Quarante jours à prendre comme on prend des vacances, quarante jours à ne rien faire d’autre que d’aimer”. Jésus nous ouvre le chemin.
N’oublions pas les trois piliers qui nous aident à vivre ce temps béni, temps de grâce et de conversion. Ils sont les conditions et les expressions de notre conversion.
Le jeûne qui est la conversion par rapport à nous-mêmes. La sagesse humaine nous dit que très souvent, le plus gros combat à mener et à gagner c’est contre nous-mêmes avec nos démons intérieurs. Nous voulons être solidaires avec tous ceux et celles qui portent le fardeau de la souffrance, de la maladie, de l’injustice et de la discrimination. Le jeûne peut prendre plusieurs visages et plusieurs formes. – jeûne de nourriture… un peu tous les jours, ou deux ou trois fois par semaine;- jeûne de télévision, de magasinage inutile, de dépenses extravagantes;- pour être capable de partager avec ceux et celles qui vivent dans la misère;- jeûne de temps de nos loisirs, ce qui nous permet de faire du bénévolat; etc. C’est surtout pendant les périodes plus difficiles que le jeûne peut nous aider à redimensionner nos priorités et nos objectifs de vie.
Le jeûne est un moyen efficace pour nous aider à trouver une alternative aux valeurs de notre monde de consommation, de cupidité et d’injustice. L’argent que nous épargnons sur les loisirs, la nourriture, le magasinage, le luxe peut être partagé avec d’autres. Notre temps et nos talents peuvent venir en aide à ceux et celles dans le besoin : «Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 31-46)
La prière, conversion par rapport à Dieu. C’est avec le Christ que nous pourrons être victorieux des forces du mal. Les tentations ne manqueront pas, Jésus aussi s’est fait tenter mais il n’a pas succombé. Mettons notre confiance, dans la prière et la méditation il nous fera tenir courageusement aux jours de tentations.
L’aumône, conversion par rapport aux autres. Victor Hugo disait que l’aumône est sœur de la prière. La charité est la seule vertu dont l’excès ne peut nuire. Donner aux gens dans le besoin est un trésor que l’on amasse et une grande récompense qu’on se prépare pour le jour où l’on en aura besoin.
Tout au long de ce carême, nous sommes invités à suivre Jésus au désert. Il veut nous associer à sa victoire.
Wedner Bérard, o.m.i.