Voici, un article de la chronique « À BÂTON ROMPU » de la Revue Notre-Dame-du-Cap publié dans le numéro juin 2023 écrit par Paul Arsenault, o.m.i.

Rendez-vous à Bethel

La relation sans cesse plus intime avec le Seigneur transcende toutes les nuits.
– Sœur Emmanuelle

Notre vie est comparable à un long métrage au cinéma. Chaque nouvelle séquence est reliée à la précédente et est importante pour ne pas perdre le fil de l’action et n’en pas comprendre le sens.

Ainsi fut-­il dans la vie d’un personnage biblique appelé Jacob, fils d’Isaac. Un jour, après une longue route, il s’était arrêté pour se reposer la nuit. Il avait fait un rêve dans lequel il voyait une échelle qui reliait la terre et le ciel ainsi que les anges qui montaient et descendaient. Il avait entendu la voix de Dieu lui dire: « Je n’abandonnerai pas ta descendance. Je serai avec toi et je te protégerai. » À son réveil, il s’est exclamé: «Vraiment, le Seigneur est ici, mais je ne le savais pas. » Pour garder en mémoire ce rêve, il avait fait de la pierre sur laquelle reposait sa tête pendant la nuit une stèle appelée Béthel (Maison de Dieu).

Que de fois dans ma vie j’ai pu dire: «Le Seigneur est là et je ne le savais pas. » C’est parfois longtemps après avoir vécu un événement que nous en comprenons le sens.

Il était là quand mon papa est décédé le 9 mars 1940 à l’âge de 38 ans… Mais, je ne le savais pas. Il était là quand je devins boursier de la Société L’Assomption de Moncton, ce qui a rendu possibles les étapes à franchir pour devenir prêtre. Il était là quand je fus ordonné prêtre dans mon église de Bonaventure. Il était là sur la montagne lors de mon stage en Provence.

Il est là dans l’humble coin de prière, en silence, chaque jour. Il est là dans la prière en langue quand les mots deviennent superflus. Il est là dans le mémorial du corps et du sang du Christ à l’Eucharistie. Il est là dans le pauvre qui frappe à ma porte en quête de consolation, de compassion et parfois en quête d’argent.

Et, avec les années, la longueur du temps consacré à la prière compte de moins en moins. Aujourd’hui, je me souviens qu’on m’avait déjà dit qu’une heure complète d’oraison était plus profitable que deux périodes de trente minutes. Il m’arrive encore de dire avec Jacob: «Le Seigneur est là et je ne le savais pas. »

Et avec Charles de Foucauld: «Plus on aime, mieux on prie. Si quelque chose nous empêche de prier, ne serait­-ce pas parce que l’on n’est pas assez amoureux ? »

Pour le devenir, je demeure fidèle au rendez-­vous à Béthel.