Voici la chronique de La vie au Sanctuaire de la semaine du 1 au 7 avril 2022.

Une double libération

Jésus ne se contente jamais de faire les choses à moitié. Il est venu pour que tous les enfants de son Père vivent dans la dignité et le respect les uns des autres. Voici une occasion où il l’a démontré clairement. Il est dans le grand temple de Jérusalem où il enseigne. Soudain, des gens arrivent en criant: des hommes traînent par terre une femme qu’on vient d’attraper, au lit avec quelqu’un d’autre que son mari. On veut que Jésus la condamne, comme la Loi de Moïse le prescrit. On veut surtout condamner Jésus s’il ne le fait pas. Jésus n’argumente pas. Il garde le silence et se penche tout près de la femme apeurée. Puis : « Regardez dans votre cœur. Que celui qui n’a jamais fait de bêtise lui lance une pierre pour la tuer ». Dès qu’ils prennent conscience de leur propre fragilité et infidélité, les roches tombent de leur main. En plus de libérer la femme, Jésus libère ces accusateurs qui se croyaient obligés de la lapider, eux qui se jugeaient de parfaits observateurs de la Loi.

L’histoire continue de nos jours. Que de fois nous condamnons les personnes qui n’agissent pas comme nous le souhaiterions. Sans chercher à comprendre ce qu’ils vivent intérieurement. Sans reconnaître notre propre rigidité de cœur qui fait passer les normes légales avant l’accueil de la personne dans ses différences et ses valeurs. Pas facile à vivre ! Sûrement. Il nous faut le regard neuf que Jésus porte sur toutes les personnes qu’il rencontre, tel que raconté dans ce récit et tant d’autres où il accueille les gens « hors normes » : la femme de Samarie, Zachée le collecteur-voleur, le fils débauché. L’église elle-même, lors des Conciles, s’est empressée de condamner ceux qui ne pensaient pas comme elle. Une attitude qu’elle a changée à Vatican II, heureusement, mais qui refait surface chez une portion de chrétiens présentement. « C’est pour que nous soyons vraiment libres que le Christ nous a libérés », écrivait saint Paul.

La question que je peux me poser cette semaine : Il peut m’arriver de porter des jugements sur des comportements qui me dérangent. Duquel de ces jugements Jésus veut-il me libérer? 

Bernard Ménard