Le Sanctuaire NDC, un lieu inspirant

Les années se suivent, dit-on, mais ne se ressemblent pas. Cette année, contrairement aux précédentes, on vit plutôt dans l’interdiction de rassemblement et dans la fermeture des portes à plus de dix personnes à nos célébrations de prière. Les grandes cérémonies ne sont plus autorisées voire même interdites. C’est le temps du confinement comme nous le rappelle la triste réalité du monde au prise avec le Coronavirus.

Le Sanctuaire n’échappe pas aux préoccupations de l’heure. Nous sommes interdépendants pour le meilleur et pour le pire. Nous vivons une période de suspension. Confinement, enfermement, distanciation, rencontre virtuelle deviennent les maitres mots de notre vivre ensemble. On parle dorénavant de solidarité dans le confinement, de responsabilité dans la distanciation. C’est l’avènement d’une civilisation sans contact qui prend l’apparence d’un déni de rencontre et de fraternité. Qui pis est, l’accueil et l’hospitalité, deux valeurs essentielles au bon fonctionnement et à la mission du Sanctuaire, suscitent de nos jours la suspicion et peuvent même être assimilés à la méchanceté.

Les yeux rivés sur nos smartphones et abrités derrière les écrans de nos ordinateurs et de nos téléviseurs, nos vies se conjuguent virtuellement, sans contact, sans main tendue, sans proximité. Aucun accès physique aux périphéries du monde. L’accueil est délaissé pour protéger notre santé. L’hospitalité est associée à la propagation du virus donc au risque de maladie, du coup porteuse de mort, de deuil et d’angoisse.

Nombreux sont ceux et celles qui pensent que ce temps d’emmurement sonne le glas, ou du moins accélère la chute des pratiques religieuses basées essentiellement sur la proximité et sur des approches de communion. D’autant plus que la majorité des membres de nos assemblées sont des aînés, c’est-à-dire la catégorie de la population la plus touchée par les mesures restrictives, donc interdits de déplacement.

Aucune possibilité de partir en pèlerinage ni de se déplacer pour aller au culte. Dorénavant la spiritualité se vit à l’intérieur de nos foyers. C’est devenu en quelque sorte une affaire privée comme une portion de la classe politique l’a tant et souvent souhaité. Les gens participent virtuellement à la maison aux célébrations via les réseaux sociaux comme Zoom, Skype, YouTube. Une autre manière de faire Église est née, une église à saveur domestique, n’en déplaise à certains.

Ainsi, notre rôle d’accompagnement comme pasteurs et gardiens de l’Œuvre, nos paroles de réconfort et nos gestes de solidarité deviennent encore plus dynamisants dans cette période d’angoisse et de déprime. La célébration journalière de l’eucharistie sur la plateforme YouTube, les capsules des Oblats, l’écoute continue des gens qui appellent au Sanctuaire à la recherche de réconfort et nos oreilles qui se font attentives aux multiples cris de désespoir, sont autant d’expression de notre proximité et de notre solidarité à notre humanité prise dans la tourmente du découragement.

La prière ne s’arrête pas et la lumière de la foi continue de briller dans ce temps de morosité. C’est inspirant de voir nos curés-ainés oblats présider la messe toujours avec la même générosité et avec une grande sollicitude pastorale. C’est notre façon de redire à l’humain qu’au milieu de sa fragilité, la flamme de l’espérance doit rester allumée. Car, c’est toujours en assumant entièrement son humanité fragile que l’être s’ouvre le plus pleinement à Dieu.

Wedner Bérard, Dr. En Éthique
Direction du Sanctuaire NDC