La chronique du feuillet de La vie au Sanctuaire du 8 au 14 juillet 2022.

Quand la compassion fait éclater les frontières !

Parmi les histoires que Jésus a inventées pour nous partager son message le plus important, celle du Bon Samaritain est la plus criante. Elle met en scène un bandit, une victime, deux membrres du clergé du temps, un étranger et un aubergiste. De quoi faire une belle pièce de théâtre. Ça commence très mal : un homme est massacré, laissé pour mort sur la route. Les deux religieux passent tout droit et s’éloignent, leur religion défendant de se « souiller » en touchant quelqu’un couvert de sang. C’est un étranger, méprisé des Juifs, qui vient au secours du moribond et en prend soin comme ça s’peut pas ! Pourquoi ? Parce qu’il est touché dans ses entrailles, comme une mère devant son enfant mourant. Et Jésus renverse la question que lui posait le spécialiste des Écritures qui voulait l’embarrasser : l’enjeu N’est pas de savoir si quelqu’un fait partie de mes proches, un membre de ma  gang (et donc je dois m’en occuper); mais de qui moi  je me fais proche, simplement parce que l’autre a besoin de mon aide.

Le contraste est choquant : les deux dévots fuient, alors que l’étranger, lui, se fait proche. Le message de cet évangile n’est donc pas « Soyez bons pour vos semblables », mais que votre bonté et solidarité s’exerce au-delà de toutes frontières. Heureusement nous avons des modèles d’une telle attitude dans notre histoire.  Des religieuses hospitalières qui soignaient les blessés de guerre quel que soit leur camp. Des éducatrices auprès d’enfants indiens aussi bien que blancs. Des pasteurs accueillant l’engagement en Église des personnes considérées comme « hors normes ». Un couple qui déménage dans un très grand logement pour accueillir des jeunes ou adultes fragilisés.

La foi chrétienne ne consiste pas à adhérer à un certain nombre de dogmes et de dévotions pieuses, mais à agir comme Jésus dans ses choix à l’égard des « derniers » devenus les premiers dans le regard et l’amour du Père. « Alors on vous reconnaîtras pour mes disciples ». De qui vais-je oser me faire « proche » cette semaine pour l’aider à retrouver la paix ?

 

Bernard Ménard o.m.i.