Chronique pour La vie au Sanctuaire du 24 au 30 septembre 2021 écrit par le père Bernard Ménard, O.M.I.

C’est la faute de Vatican II

Vous avez déjà entendu ça? Moi, oui, dans la bouche d’un pèlerin déçu qu’on ne célèbre pas la messe ici en latin chaque jour. Il en voulait au pape Jean XXIII d’avoir convoqué cette assemblée de tous les évêques du monde il y a 60 ans, ouvrant les fenêtres sur le monde contemporain. Ce Concile a reconnu la valeur des autres traditions chrétiennes ou religions, mettant fin au dicton « Hors de l’Église catholique point de salut ». Il a enseigné que l’action de l’Église ne se situe pas à côté mais au cœur des enjeux de la société. Il a insisté sur une liturgie qui rejoigne les gens dans leur langue et culture.

À travers ces changements, Vatican II a brisé le monopole que nous pensions avoir sur Dieu.  Comme Josué qui demandait à Moïse d’arrêter les deux « prophètes » qui agissaient en dehors du lieu sacré. Ou comme les Apôtres qui priaient Jésus « d’empêcher celui qui guérissait en ton nom, car il n’est pas de notre groupe ». Tentation de sectarisme, de ghetto entre « parfaits ». Tellement loin des choix de Jésus d’être proche des hors-normes qui témoignent de L’amour de Dieu pour tous ceux qui le cherchent.

Bien sûr que le « vent violent de Pentecôte » qui a soufflé sur l’Église des années 60 a dérangé beaucoup de gens. Plusieurs ont délaissé la « pratique » vécue souvent par obligation, sans réel sentiment d’appartenance. Mais le grand dérangement ne se produisit pas seulement dans l’Église. Rappelons-nous toutes les révolutions à la même époque : technologique (T.V. au salon); économique (magasinage le dimanche); familiale (indépendance des femmes et des ados); scolaire (dirigée par l’État laïque); etc.  Un monde totalement nouveau  –  qui continue à se transformer et à nous appeler toujours plus à deux choses : la liberté intérieure pour nous adapter avec souplesse et créativité à ce qui change, sans perdre nos racines profondes;  une attention aux autres pour SAVOIR PARTAGER même « un simple verre d’eau fraîche ». L’Esprit peut alors « faire de tous des prophètes » d’un même Dieu d’amour.

Bernard Ménard o.m.i.