Chronique pour La vie au Sanctuaire, du vendredi le 22 octobre au jeudi le 28 octobre.

AVEUGLES DEMANDÉS POUR LA MISSION !

Pour ce dimanche missionnaire, le modèle que nous présente l’Évangile est à l’opposé  de ce qu’on recherche lorsqu’on a un travail important à exécuter : on veut des experts qui voient les solutions à nos problèmes, qui « savent » les chemins à prendre. Or l’Évangile nous dit QUI chercher pour faire progresser la mission dans le monde : des aveugles ! Des gens conscients de leur handicap et déterminés à en être guéris. Et surtout qui n’ont pas honte de crier leur confiance en Jésus.  C’est l’histoire de Bartimée, ce mendiant aveugle qui bondit de joie quand Jésus l’appelle, et qui se met à marcher à sa suite. Quel message pour nous aujourd’hui ?

Plusieurs événements, depuis une quarantaine d’années, nous ont dérangés par rapport à des manières de vivre notre foi catholique qui nous paraissaient aller de soi : plus d’enseignement religieux à l’école; participation à l’assemblée dominicale en chute libre; trahison de confiance causée par les abus sexuels; réduction du nombre de prêtres; diversité des spiritualités. Notre foi a besoin de sortir de son enclos et s’ouvrir à des horizons élargis.

Il est en train de se produire ici ce que Jésus a vécu et suscité en son temps : le passage d’une religion trop hiérarchisée et refermée sur des codes de conduite, à une vie de foi vécue dans les gestes du quotidien, les luttes pour la justice, le respect des différences, la protection des plus vulnérables. Tout cela inspiré par l’engagement radical de Jésus dans sa mission de libération. Voilà  un témoignage de foi crédible pour nos contemporains, qui croient plus aux gestes pleins d’humanité qu’aux dogmes et mesures imposés d’en-haut. Et pour ce type de Mission au cœur du monde, il faut à tout prix l’expérience des gens sur le terrain (familial, social, paroissial…), et pas seulement celle des membres du haut clergé ou du milieu académique. Le pape François appelle ça : une Église où tout l’monde prend la parole, est écouté, s’implique ensemble (Église synodale).

Reconnaissons alors  que nous sommes tous des aveugles quant à l’avenir. Osons mendier la guérison de l’Esprit et risquons de suivre l’Homme libre de Galilée qui ouvre devant nous des chemins imprévus, dérangeants, créateurs de fraternité.  

 

Bernard Ménard o.m.i.