Comme une couche de vernis

 

Le temps du Carême  est, un temps de grâce pour apprendre, d’une année à l’autre, selon l’invitation de saint Jacques, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion.

Dans les Évangiles, Jésus prend souvent ses distances par rapport à la piété extérieure et légaliste des Pharisiens. Il a déjà questionné l’observance rigoureuse du sabbat en disant: Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. Il va au cœur de la religion, il pose les fondements de la conscience morale selon lesquels un acte est jugé bon ou mauvais.  Ainsi, ce n’est pas parce que je récite minutieusement toutes mes prières, que je prie avec des gestes pleins de grâce et de beauté ou parce que j’observe strictement toutes les normes de la liturgie que le  culte rendu à Dieu est vrai et lui plaît. Il faut d’abord et avant tout que le cœur y soit engagé, que les intentions soient pures.

Jésus dénonce la contradiction entre ce que je dis et ce que je fais. Un décalage et parfois un fossé… Entre ÊTRE fidèle et PARAÎTRE fidèle, ce n’est pas la même chose.  Jésus nous met en garde contre une piété ou une religion tout extérieure. Contre un culte sans esprit taxé par lui-même d’inutile, parce que du bout des lèvres, sans âme. Contre une prière tout extérieure, une liturgie tout extérieure, une foi ou une pratique religieuse tout extérieures. Une telle religion de parure n’a pas d’avenir et ne conduit aucun de ses adeptes à la sainteté. C’est comme mettre une couche de vernis sur du bois pourri.

À chaque fois que nous tombons dans une telle déviation, Jésus nous redit avec force: C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices. Il donne un enseignement qui doit éclairer nos consciences contemporaines. C’est du cœur de l’être humain que proviennent le mal ou le bien    

Lorsque le cœur est pur, il engendre des pensées et des actions pures, à l’exemple d’une source limpide. Et c’est à cette source qu’il faut puiser, comme à un puits intérieur, pour pouvoir discerner le mal ou le bien qui nous habitent. De l’eau trouble ou de l’eau transparente dans le puits de notre cœur.  C’est là que siègent la vérité ou le mensonge. C’est à cette profondeur de l’être que se joue le combat de la foi, que s’actualise la grâce de la conversion

C’est toujours de l’intérieur que nous sommes menacé, car c’est de notre cœur que viennent le mal ou le bien. Que de fois l’occasion nous est donnée de faire le point sur les motivations profondes qui font que dans notre vie il y a encore la prière, la messe, le chapelet, la confession. Ce n’est pas pour sauver la tradition ou le précepte mais pour répondre, librement et joyeusement, à un appel intérieur venu du cœur, venu de. Dieu. Il en va de la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion.  Il en va de l’authenticité de notre montée vers  Pâques.

 

Paul Arsenault, o.m.i.

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