Du fil à retordre à Dame Nature

Voici, un article de la chronique « Le cri de la Terre » de la Revue Notre-Dame-du-Cap publié dans le numéro de janvier-février 2022 écrit par Carl Tournier.

Ils nous couvrent – ou découvrent – et nous protègent. Ils sont des marqueurs d’identité, d’individualité, et il s’en vend 100 milliards par année dans le monde. Rien de moins. Les vêtements font partie de nos vies du berceau au tombeau et, de leur production jusqu’à la fin de leur vie utile, plusieurs avancent qu’ils ont un impact certain sur notre Maison commune. Qu’en est-­il au juste?

Depuis plusieurs décennies, les industriels se sont tournés vers des fibres et des teintures synthétiques. Elles ont des avantages mais aussi plusieurs inconvénients… Il est démontré que leur production est polluante et qu’à chaque lessive, les fibres d’origine pétrolière comme le polar ou le polyester se détachent et ne sont filtrées que partiellement par les usines d’épuration. Certains estiment que 500 000 tonnes de ces microparticules de plastique se retrouveraient annuellement dans les systèmes digestifs des animaux marins et les écosystèmes océaniques. La nature prend des siècles à les faire disparaitre, faut-­il se le rappeler.

FIBRES NATURELLES
Serait-­il bon de considérer les fibres naturelles, tel le coton, comme étant l’option à privilégier? Encore faudrait-­il que l’on n’utilise plus de pesticides pour en assurer la culture. On dit que celle­-ci est l’une des plus délétères : elle couvre 2,4% de la surface cultivable totale et exige 24% des insecticides synthétiques utilisés dans le monde. Les tissus de coton biologique sont une meilleure option quoiqu’un peu plus chers et, parfois, plus difficiles à trouver. La fibre de chanvre a, quant à elle, l’avantage d’être culturalement moins exigeante que sa consœur et, comme le lin, elle peut être cultivée sous nos latitudes. Ces fibres anciennes ont peut-­être plus d’avenir qu’on ne le croit.

LA MODE SE DÉMODE
La mode éphémère (la fast fashion) n’est pas en reste. Achetés par envie ou par crainte d’être démodés, les vêtements pas chers sont parfois jetés ou relégués dans les coins sombres de nos tiroirs après avoir été portés quelques fois. En effet, il est prouvé que nous n’utilisons la plupart du temps qu’environ 25% des vêtements que nous avons. « Nous sommes bien conscients de l’impossibilité de maintenir le niveau actuel de consommation des pays les plus développés et des secteurs les plus riches des sociétés, où l’habitude de dépenser et de jeter atteint des niveaux inédits » (Laudato Si’, 27).

Quelles sont les solutions ? Les friperies en seraient une; en plus de donner la possibilité d’une seconde vie à nos vêtements, on peut y dénicher des perles vestimentaires. Coco Chanel aurait dit: « La mode se démode, le style, jamais. » Se procurer des tenues aux styles intemporels et rajeunir certaines d’entre elles en passant chez un couturier ou une couturière pourra prolonger leur utilité… et Dame Nature s’en portera mieux.