Voici, un article de la chronique « BEAUTÉ ET VÉRITÉ » de la Revue Notre-Dame-du-Cap publié dans le numéro juin 2023 écrit par Jacques Houle, c.s.v.

Et si on parlait de l’ambon

Drôle de nom pour désigner un pupitre de lecture. Il viendrait d’un verbe grec anabaino qui signifie «monter » au sens de monter pour être vu et entendu, ce qui décrit la fonction d’un ambon. C’est un héritage venu avec la Bible. Dans la tradition juive, la lecture des livres saints est de première importance. Très tôt, on se dote de meubles adaptés à ce besoin. Des textes en témoignent. À titre d’exemple, le Livre de Néhémie évoquant le retour des Juifs à Jérusalem après leur long exil décrit avec détails la proclamation solennelle des livres saints retrouvés et restaurés. Le scribe Esdras, le lecteur, se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès (8,4).

LES ÉCRITURES À L’HONNEUR

Les Juifs qui fréquentent la synagogue au temps de Jésus sont donc familiers d’un tel dispositif. Pas étonnant de le retrouver dans les espaces cultuels des premiers chrétiens. Lors des rassemblements, étant familiers des Écritures, des extraits du Premier Testament sont lus et – nouveauté – les lettres de Paul, de Pierre, de Jacques, le récit des Actes des apôtres et surtout, les écrits concernant Jésus, nos Évangiles. C’est merveille de découvrir qu’il y a continuité avec les récits anciens. La Parole est célébrée.

La foi se propageant, le culte s’organise, des lieux sont aménagés pour accueillir des assemblées de plus en plus nombreuses. La tradition de la proclamation des Écritures est à l’honneur. Des dispositifs sont spécialement aménagés à cet effet et prennent le nom d’ambon. Leurs formes varient, leur design aussi en fonction des lieux. Les plus simples consistent en une tribune munie d’un lutrin posée au cœur de l’assemblée. Les plus développés – toujours en fonction des lieux – sont munis d’escaliers sur les marches desquels des musiciens chantent des psaumes.

Malheureusement, avec les siècles, le latin n’est plus compris. Les Écritures ne sont plus solennellement proclamées, les ambons disparaissent peu à peu jusqu’à en oublier le souvenir. Il faut attendre la restauration de la liturgie avec Vatican II pour que la nécessité d’avoir des ambons dignes de ce nom s’impose à nouveau.

ET LA «CHAIRE»?

Quelques églises anciennes conservent un meuble pouvant s’apparenter à l’ambon. C’est la chaire. Fixée à une colonne, pour être au cœur de l’assemblée, on y accède par un escalier souvent très ouvragé. Elle se caractérise par son chapeau, l’abat­son, remplissant la fonction d’amplificateur. Apparue au 17e siècle – héritage de l’université –, elle était destinée à l’enseignement de la doctrine chrétienne. Jusqu’à Vatican II, ce fut avec elle l’époque des longs sermons, loin du retour aux Écritures et de l’entretien familier qu’est aujourd’hui l’homélie.