Voici, un article de la chronique « À bâtons rompus » de la Revue Notre-Dame-du-Cap publié dans le numéro de novembre 2021 écrit par le père Paul Arsenault, o.m.i.

Ils croyaient leur maison éternelle

Quand la vie n’a plus de sens, la mort est la plus terrible des injustices et son absurdité devient insupportable. Alors, celui qui n’a plus de Dieu s’invente des solutions qu’il bricole en faisant appel aux héritages anciens du temps où il y avait des dieux.
– Bernard Rey, Vivre avant et après la mort

La mort, puisqu’il faut l’appeler par son nom, fait peur à bien du monde. Comment apprivoiser sa visite inattendue et souvent imprévisible? Sa Majesté la Nature fait elle-même les frais de la publicité sur la mort. Les fleurs sont fanées, les feuilles emportées par le vent, la terre figée par les premiers froids, les oiseaux partis vers d’autres cieux… La vie n’est pas morte pour autant. L’espoir n’a pas revêtu son manteau de deuil. Le printemps reviendra. Et les bourgeons, et les roses, et les hirondelles.

LE TEMPS D’UN SOUPIR
Nos liturgies fêtent nos devanciers sur les chemins de la vie éternelle. Ces saints et saintes qui nous ont précédés sur les rives de l’au-delà. Toute une saison du souvenir : ceux et celles qui sont devenus autant de fenêtres ouvertes sur l’éternité. Le temps d’un soupir et l’on passe. Autrefois, dans les Litanies des saints, on chantait : « D’une mort soudaine et imprévue, délivre-nous, Seigneur ». Aujourd’hui, ne souhaite-t-on pas, au contraire, mourir sans avoir le temps d’y penser ?

La mort est devenue un sujet tabou, quelque chose dont on ne parle pas. Comme autrefois la sexualité. Jésus a pleuré la mort de son ami Lazare. Une enquête scientifique nous apprend que la mort est une réalité qu’il faut taire, cacher. Que de maquillages dont on enduit nos morts au salon funéraire! Il ne faut surtout pas qu’ils aient l’air d’un mort, sinon d’un mort en santé! La mort est une indésirable dans les rouages de notre société de consommation. Le psaume 48, lui, est d’un grand réalisme: « Aussi cher qu’on puisse payer, toute vie doit finir… Ils croyaient leur maison éternelle. »

DANS LE COEUR DE LA VIE
« Vous voudriez connaître le secret de la mort, a écrit le prophète Khalil Gibran, comment le trouverez-vous sinon en le cherchant dans le cœur de la vie? » Ce n’est pas une névrose que de penser à notre mort. Ni le signe avant-coureur de notre propre décès ! Depuis ce jour du triomphe de la vie sur la mort, Jésus nous offre, au lieu d’un cauchemar, une espérance; au lieu d’un gouffre, une porte d’entrée; au lieu d’un échec, une victoire; au lieu d’un cul-de-sac, un chemin nouveau; au lieu d’une nuit de ténèbres, un océan de lumière.