Voici la chronique de La vie au Sancutaire de la semaine du 11 au 17 février 2022 proposé par le Père Paul Arsenault, o.m.i.

La  chemise du bonheur

Un grand maharadja indien n’était pas heureux. Pourtant, il avait tout ce qu’un mortel est susceptible de désirer : un palais luxueux, des richesses à foison, des esclaves à sa disposition, des distractions ; des femmes, il en changeait plusieurs fois par semaine. Malgré cela, il n’était pas heureux. Un jour, il alla trouver son grand vizir et lui demanda ce qu’il fallait faire pour être heureux. « Personne n’est heureux », lui répondit l’homme. Insatisfait, le maharadja posait à ceux qu’il rencontrait sa question. Un sage accepta de se compromettre et donna sa recette du bonheur : « Il vous suffit de revêtir la chemise d’un homme heureux et vous le deviendrez. » Aussitôt, le maharadja envoie ses ambassadeurs dans tout son royaume avec mission de trouver l’homme heureux et de rapporter sa chemise. Les ambassadeurs partirent aux quatre coins du royaume et interrogèrent les gens. Partout, la même réponse : « Non, je ne suis pas heureux. Je n’ai qu’un petit coin de terre et je ne peux nourrir ma famille. Je ne suis pas bien dans ma peau. Je m’ennuie terriblement. »

Riches et pauvres, hommes ou femmes, adultes ou enfants, personne n’était heureux. Les envoyés désespéraient lorsqu’un jour, l’un d’eux découvrit, au bord d’un massif montagneux, une grotte où vivaient des yogis. Ils avaient délaissé le monde pour atteindre aux réalités divines. Ils ne possédaient rien et se nourrissaient d’un grain de riz par jour. Au premier qu’il approcha, l’envoyé posa sa question : « Es-tu heureux ? »   L’autre de répondre : « Moi, je suis parfaitement heureux. » Alors, donne-moi ta chemise. » Un instant le sage fixa sur le visage de son interlocuteur son regard transparent et profond. Il lui dit avec un geste qui indiquait une évidence : « Très volontiers je te donnerais ma chemise. Mais depuis longtemps, je n’en ai plus. »