Voici, le texte pour accompagner votre réflexion pour la messe dominicale du 18 février 2024. Pour lire les textes se trouvant dans la messe du dimanche, cliquez ici.

L’appel du désert

Nous avons commencé depuis ce Mercredi des cendres cette grande retraite qu’est le Carême et nous sommes invités en cette première semaine à nous rendre au désert. Peut-être y sommes-nous déjà ! Car dans nos vies, il y a les déserts que nous choisissons parfois et que nous subissons souvent.  Pour plusieurs, le désert est associée à la sécheresse, à la solitude, aux immenses espaces sans vie apparente. Il est aujourd’hui recherché comme espace de défi et de performance. Il est aussi un milieu de vie pour certaines cultures très anciennes. Le désert est à la fois attrayant et hostile. On peut s’y perdre en l’absence de réels points de repères. Les oasis sont réels mais les mirages sont dangereux.

Dans la Bible, le désert est un lieu de passage, de transformation et de communion. Après son baptême, Marc nous raconte que Jésus se retire au désert durant quarante jours. L’expérience forte et profonde de son baptême parmi le peuple au Jourdain conduit Jésus au désert : “ Aussitôt l’Esprit le pousse au désert “ . Peut-être pour y intégrer son identité filiale maintenant publique. Le désert devient un lieu de passage entre la prise de conscience de sa solidarité avec le peuple et de la mission qu’il se prépare à entreprendre.  Plus tard, Jésus reconnaît que le désert peut-être salutaire; il invite ses disciples à leur retour de mission: « Venez à l’écart dans un endroit désert pour vous reposer un peu.»

Dans nos vies personnelles et collectives, les épreuves créent souvent des déserts. Que ce soient la maladie ou la souffrance, la violence et les guerres, le vieillissement ou la pauvreté, les mises à pied ou l’entrée à la retraite, nous faisons l’expérience de la désolation, de la perte de points de repères, et souvent de l’isolement, de notre fragilité. Quels qu’en soient les conditions, les déserts dans nos vies peuvent avoir du sens. Ils sont des lieux de lucidité sur notre condition, sur notre vocation à la fraternité. Mais encore des sources de mission une fois qu’ils sont traversés comme expression de notre solidarité. Nous sommes souvent témoins de personnes qui ont perdu des êtres chers à cause de la violence: une fois traversés le deuil, ils deviennent des apôtres de la non violence.

De fait, nous sommes invités à recevoir les déserts du monde – tout comme les nôtres – pour mieux accueillir notre identité et discerner sans cesse l’ampleur de notre mission. Pour vivre ce carême, nous résisterons à la tentation de transformer nos déserts en refuge et prendrons le risque d’une solidarité en acte. Les occasions sont nombreuses et diversifiées d’exprimer notre communion avec ceux et celles dont la vie et l’existence semblent se réduire à un désert permanent. Si l’Esprit vous pousse vers les déserts des autres, ne résistez pas à la grâce: c’est notre mission.

Luc Tardif, o.m.i.