Voici, la chronique qui se retrouve dans « La vie au Sanctuaire », du  4 au 10 juin écrit par père Paul Arsenault, O.M.I.

L’appétit vient en mangeant

Si beaucoup délaissent l’Eucharistie, c’est probablement parce qu’ils n’ont pas faim.  Alors, pourquoi se mettre à table quand on n’a pas faim?  S’il est vrai que l’on finit par perdre les dons que l’on ne fait pas fructifier, que l’on finit par atrophier les muscles que l’on ne fait pas travailler, il semble que l’on finisse par ne plus avoir faim de l’Eucharistie quand on s’en éloigne régulièrement, tant il est vrai que l’appétit vient en mangeant.  Cependant, quand la table  devient une routine sous prétexte qu’il faut manger pour vivre, on risque de se mettre à table sans avoir faim.

Quand il s’agit de la table eucharistique, la situation ne ressemble-t-elle pas parfois à ces repas pris sans appétit, où l’on mange sur le bout des dents?  Alors, les plus belles prières n’élèvent plus l’âme; les paroles les plus profondes ne nous touchent plus; les gestes les plus sublimes ne nous parlent plus; les mets les plus succulents ne nous nourrissent plus.  La raison est simple:  le cœur n’y est plus et ce menu, bien que divin, ne figure plus à la table des invités qui se désistent.  Pourtant, si beaucoup semblent satisfaits et comblés par les nourritures terrestres, nous savons bien qu’elles ne rassasient pas l’être humain.  Quand la foi devient comme un feu sous la cendre, il arrive que la vie ne circule plus.  On devient spirituellement mort.

Beaucoup n’ont pas encore découvert qu’ils ne sauraient vivre seulement de pain.  Après les aridités de la vie intérieure, ils parviendront à une oasis pour y étancher leur soif d’eau vive; grâce à leur disponibilité, ils s’ouvriront aux richesses de Dieu, de l’Évangile, des sacrements: en particulier de l’Eucharistie.  Ils se souviendront de la parole de Jésus pleine de respect et d’intimité:  Je me tiens à la porte et je frappe.  Si quelqu’un ouvre, j’entrerai pour prendre le repas, moi près de lui et lui près de moi.

Paul Arsenault, o.m.i.