Chronique pour La vie au Sanctuaire du 30 juillet au 5 août 2021.

Le Royaume caché au cœur de l’ordinaire

Quoi de plus banal que du pain? Que de plus ordinaire qu’un sandwich, rapidement préparé pour le voyage? On assemble rapidement du pain, quelques tranches de jambon et un peu de moutarde, non? Si on a un peu de temps, ajoute à notre sachet un peu de laitue, peut-être un peu de fromage. Zip, c’est dans le sac-à-dos et on part. On a ce qui faut pour la route. Le pain de la route est souvent un pain auquel on pense très peu, on presque pas. Et pourtant, combien précieux il est…

Un parent se lève, tous les matins. Jour après jour. Il prépare le « lunch » de ses enfants, peut-être même, aussi, celui d’un conjoint ou d’une conjointe? Le faire un fois pour d’autres, voilà un geste est marqué par la bienveillance, bien sûr. Mais quand il est fait, et refait. Et que l’être aimé trouve un petit gâteau en forme de cœur, ou une surprise, parmi ses préférées. Alors, le « lunch » devient « amour »; il devient un signe d’attention, de don de soi, de tendresse. La nourriture devient signe de quelque chose de plus grand, d’une réalité plus grande et plus belle encore qu’un simple lunch.

Commençant ce weekend et jusqu’à samedi prochain, le Sanctuaire est associé aux fêtes du Bon Père Frédéric. Des développements récents et importants nous laissent croire que la canonisation du saint de Trois-Rivières pourrait advenir d’ici quelques années, au plus. Encore aujourd’hui, des témoins nous parlent de faveurs obtenues, de guérisons exceptionnelles, de puissance d’intercession du Bon Père Frédéric. Bien sûr, des événements spectaculaires attirent l’attention sur le personnage, mais ce sont souvent des « petites faveurs » et clins-d ’œil du Bon Frédéric qui le rendent si attachant, et si proche de nous.

En France, en Terre Sainte et au Canada, le Bon Père Frédéric n’a pas hésité à faire les choses autrement. À vivre autrement. Il a grandi dans une France anticléricale et c’est donc une foi de résistants qu’il a développée. Catholique à contre-courant, c’est pas mal, non, comme exemple dans le Québec actuel? Sans compter toute la place qu’il a donné au dialogue : avec les autres religions, avec les autres chrétiens, avec tant d’autres « différents ». Patiemment, humblement, par des gestes tout simples, il a su témoigner d’un Royaume caché, de Dieu très grand, bienveillant et aimant.

Guylain Prince, o.f.m.