L’espoir au cœur de la pandémie

Au Sanctuaire Notre Dame du Cap nous vivons un moment de questionnements légitimes. Nous nous attelons à dessiner les contours de l’accueil et de l’hospitalité dans l’après Covid-19. Cette crise n’est pas à sous-estimer surtout quand elle charrie avec elle les scories des fermetures, des coupures et des interdictions que nous subissons en toute impuissance depuis le début de l’année 2020. Le Trio de Direction se met à la recherche d’alternatives réalistes.

Des priorités sont à discerner. À cet effet, toutes les entités du Sanctuaire, à savoir: la Direction, le CA, le Visiteur, les Oblats, les Employés, les Bénévoles, les Collaborateurs et les Partenaires externes, etc., sont invitées à s’unir autour d’une même capacité à agir, à faire renaitre l’espoir en dépit de la complexité du réel. À problèmes nouveaux, solutions nouvelles. Le temps est à la réflexion et aux propositions. C’est, en quelque sorte et à bien des égards, un temps d’apprentissage et de découverte collectifs.

Un énorme défi

L’enjeu est de taille, on ne peut se permettre aucune distraction mesquine d’exclusion ni d’alternatives partisanes. Ce souci ne peut pas être réservé seulement à un petit groupe. C’est peut-être le moment de se mettre plus attentivement à l’écoute de nos employés et de nos bénévoles dans leurs légitimes aspirations. Ce sont des voix multiples avec une mission commune.

Derechef, c’est un travail d’équipe et de coresponsabilité qui se profile à l’horizon. Aujourd’hui le Sanctuaire a besoin d’une intelligence collective, et de continuer à dessiner un leadership dans un esprit synodal et de communion. Au lieu d’avoir une seule ou deux personnes qui s’érigent en maîtres à penser, je continue à encourager une démarche concertée de réflexion. Comme dirait le penseur Martiniquais Aimé Césaire: «Un petit pas fait ensemble vaut mieux qu’un grand bond solitaire.»

Nous voulons porter ensemble le défi de rendre le Sanctuaire à nouveau stimulant et fécond pour tous ces gens en quête de sens, pour ceux et celles qui sont diversement engagés dans la foi et dans leur humanité. C’est autour de ce qu’on ne devine pas encore qu’il revient de nous mobiliser. Nous déplorons le fait de n’avoir presque pas beaucoup d’emprise sur le réel qui tend plutôt à nous échapper. Toutefois, notre responsabilité est de solliciter des manières inédites d’action pour accueillir prochainement nos pèlerins et rester fidèle à notre mission d’évangélisation.

Il est encourageant de voir les gens marcher dans les jardins du Sanctuaire; soit pour une promenade de santé, soit pour jouir de la beauté et de la tranquillité du site, soit pour vivre une expérience spirituelle personnelle. Un lieu qui évoque pour eux un espace de liberté et de gratuité, un endroit symbolique de réconfort et de silence où ils viennent puiser la force de se projeter à chaque jour dans leur quotidien stressant. Quand l’Église et ses fidèles vivent un tournant difficile dans leur existence, assez souvent ils se tournent naturellement ou d’instinct vers les origines, dans le but de rencontrer soit le dynamisme des débuts sinon trouver un nouvel élan qui favorise un regard nouveau sur le monde, sur les autres et sur soi-même.

Les aléas de la vie

Actuellement, on vit un présent pour le moins incertain. Et on peine à envisager un avenir proche sans virus surtout avec tous ces variants qui font leur apparition ces derniers jours. Qu’adviendra-il de nos anciennes pratiques? Quoi de neuf à offrir aux nouveaux pèlerins? Comment procéder pour que la richesse de l’accueil et la flamme de l’espérance ne s’éteignent pas? La vulnérabilité de nos ressources humaines et notre fragilité économique sont toujours des sources d’inquiétude et de préoccupation. Livré à lui-même, sans pèlerins et sans leurs offrandes, je porte de sérieuses préoccupations sur la capacité du Sanctuaire à remonter la pente tout seul sans aide extérieure.

L’aide économique du gouvernement pour les prochaines années pourrait se révéler nécessaire, voire même indispensable à sa survie économique. Le sanctuaire vit du pèlerinage et du tourisme, donc sans visiteurs et sans pèlerins, ses jours sont comptés. Et du coup, c’est toute l’économie de la Mauricie qui en pâtit. Une problématique qui mérite d’être débattue autour d’une table avec toutes les instances concernées.

Un esprit de résilience

Toutefois, je crains fort que cet enfermement à lui seul puisse emprisonner notre espérance et nous empêcher de faire naître de nouvelles manières de penser et d’agir. C’est dans ce présent confiné que se dévoile la nécessité d’une ouverture vers autre chose. Il est temps d’aller au large et de jeter les filets. Le Sanctuaire sent le besoin d’accueillir à nouveau les pèlerins et de recevoir les visiteurs.

Avec l’annonce de la vaccination à grande échelle tant au canada qu’aux États-Unis, des lueurs d’espoir s’allument. On vit un regain de vitalité. D’où l’importance de relancer au moment opportun la Promotion tant domestique qu’à l’extérieur du Québec. Après 2 ans sans promotion et sans visites des paroisses et des multiples communautés multiculturelles hors de la province, il y a nécessité de se remettre sur la route, aussitôt que faire se peut, comme les disciples d’Emmaüs pour renouer les liens, pour se rapprocher de l’humain en errance. C’est indispensable pour ré-susciter la rencontre dans ce lieu de reconnaissance, de réconfort et d’espérance.

La Promotion est aussi essentielle pour la santé économique tant du Sanctuaire que du Québec et de la Mauricie en particulier. Son arrêt représente un gros manque à gagner pour tout le réseau touristique. Les visiteurs autant que les dons des fidèles sont indispensables pour assurer le financement du fonctionnement normal de ce beau Sanctuaire marial national. La relance va dépendre de tous et de chacun. Elle se fera au prix d’effort, de courage et aussi de patience par des choix inspirants et efficaces.

Le projet d’aménagement du Sanctuaire qui émerge lentement et se dessine graduellement dans le décor du tourisme trifluvien nous invite à regarder l’avenir avec confiance. Il a le mérite d’être mobilisant, rassembleur et porteur de grand espoir. Il évoque une perspective sérieuse d’une énorme plus-value pour toute la Mauricie et particulièrement pour la ville de Trois-Rivières. Il s’inscrit dans la mission d’évangélisation du Sanctuaire d’être « Havre de Paix » et « Phare Spirituel ». De nouvelles infrastructures qui seront mises au service de notre humanité colorée, de la fraternité et de la bienveillance.

Nous avons la responsabilité de continuer à tenter des voies non encore tracées dans le but de relancer l’espoir. La nouvelle équipe de direction soutenue par le nouveau conseil d’administration s’inscrivent dans la continuité de la mission et symbolisent aussi l’espoir d’une éclosion de créativité. Cela a le mérite aussi de stimuler nos capacités de résilience. Le virus nous fait voir nos limites et notre vulnérabilité, mais il ne saurait nous empêcher de penser et de créer les possibilités. Comme disait Marcel Proust: «nos plus grandes craintes…ne sont pas au-dessus de nos forces». Il est toujours possible de les surmonter.

Nos corps ont beau être confinés mais nos esprits et nos cœurs sont libres dans l’expression de leur richesse d’amour, de solidarité, de partage et de créativité. Nous ne sommes pas prisonniers de la clôture. Nous avons à continuer d’inventer notre humanité et de cultiver notre fraternité. Nous avons à défier la crise, nous devons étonner la catastrophe. L’audace de l’Évangile, sa joie et son espérance nous maintiennent en vie.

Wedner Bérard, Dr. en Éthique

Direction du Sanctuaire NDC