Voici, un article de la chronique « La foi en question » de la Revue Notre-Dame-du-Cap publié dans le numéro de novembre 2022 écrit par Normand Provencher, o.m.i.

Qu’en est-il au juste du purgatoire?

Voici la doctrine de l’Église, exprimée dans le Catéchisme de l’Église catholique: «Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer la joie du ciel » (1030). Depuis le 12e siècle, cette purification finale est appelée le purgatoire. De ce mot, écartons tout ce qui rassemblerait à une fournaise où brûle un feu qui fait souffrir les âmes pour expier les conséquences de leurs péchés.

L’âme est une réalité spirituelle. Comment le feu peut-­il l’atteindre? Le feu est une image pour exprimer la purification qui dispose les âmes à voir Dieu. Selon le pape Benoît XVI, « le feu qui brûle et en même temps sauve est le Christ lui-­même, le Juge et le Sauveur. La rencontre avec Lui est l’acte décisif du Jugement. Devant son regard s’évanouit toute fausseté. C’est la rencontre avec Lui qui, nous brûlant, nous transforme et nous libère pour nous faire devenir vraiment nous-­mêmes » (encyclique Spe salvi sur l’espérance chrétienne, 47). Le purgatoire n’est donc pas un lieu, mais un devenir, une expérience de purification et une ajustement final qui prélude à l’union parfaite avec Dieu. La seule et vraie souffrance est celle de ne pas encore «voir Dieu», mais elle est accompagnée de la certitude de vivre pour toujours en sa présence. Benoît XVI précise que la durée du purgatoire ne peut pas être calculée avec les mesures chronométriques de ce monde parce qu’il échappe au temps.

LES FONDEMENTS

Le mot «purgatoire» n’est pas dans la Bible, mais sa doctrine y est déjà esquissée. Tout est parti d’une donnée qui remonte à la fin de l’Ancien Testament: il est bon de prier pour les défunts. C’est ce que fit Judas Maccabée en organisant une prière et même un sacrifice pour des soldats morts au combat (2 Maccabées 12,41­46). Cette conviction d’intercéder pour les défunts a été celle de l’Église ancienne. La liturgie fait état très tôt d’une prière pour les défunts. Cette pratique présuppose qu’après la mort, il reste à l’être humain une possibilité de purification. Après son pèlerinage terrestre, il peut être purifié par l’amour divin qui brûle en lui tout ce qui empêcherait de communier pleinement à Dieu et aux autres. 

DANS LA COMMUNION DES SAINTS

Nous demandons au Seigneur de se souvenir de nos défunts

La réalité de la «communion des saints » nous permet de mieux comprendre l’union intime et l’intense partage entre les vivants de la terre et ceux de l’au­-delà. «Qui n’éprouverait le besoin, écrit Benoît XVI, de faire parvenir à ses proches déjà partis pour l’au-­delà un signe de bonté, de gratitude ou encore de demande de pardon? » (Spe salvi, 48). Aucun être humain n’est une monade fermée sur elle-­même. « Il n’est jamais trop tard, poursuit Benoît XVI, pour toucher le cœur de l’autre et ce n’est jamais inutile. » Or, dans la célébration de l’Eucharistie, nous vivons une mystérieuse présence les uns aux autres. Nous demandons au Seigneur de se souvenir de nos défunts, et même nous les nommons. Quand nous disons «Souviens-­toi, Seigneur », nous lui demandons d’agir. La célébration de l’Eucharistie devient l’espace d’une profonde communion d’amour et de prière avec ceux et celles qui nous précèdent dans la maison de Dieu le Père et qui sont toujours de la grande famille.