En quête de Dieu est une chronique écrite par Bianca Mailloux dans la Revue Notre-Dame du Cap de septembre 2023.

Repartir à zéro

Je viens de déménager… pour la 2e fois en un an. J’ai choisi la Vie, le changement, la reprise de pouvoir sur ma condition humaine, mais très concrètement, mon corps n’est pas content du plan. En tout cas, pas dans les derniers jours. Je suis pourtant relativement en forme, sans problème de santé apparent, je réalise néanmoins l’exigence des déplacements. Moi qui avais la même vie depuis pratiquement 20 ans, voilà que le mouvement de l’Esprit et l’accompagnement du Père me propulsent dans de nouvelles expériences qui me bousculent: un nouvel emploi depuis mai dernier, et une séparation dont je peux maintenant vous parler.

TROP TARD

Après presque 25 ans avec mon conjoint, mari, père de mes enfants, j’ai brisé notre rêve de famille unie il y a presque un an. Installée dans une atmosphère négative trop fréquente, essuyant critiques et remontrances régulières, apeurée par toute décision à prendre et voyant mes filles grandir avec un manque d’assurance flagrant, j’ai décidé que c’en était assez. J’ai beaucoup aimé cet homme, il m’a aidée à grandir et à devenir la femme que je suis. Il a toujours eu ses côtés piquants que je trouvais difficiles, mais à 20 ans on accepte plus de choses qu’à 40. Au fil du temps, il n’a pas réalisé la violence de ses propos, la lourdeur des mots qui écrasent et font mourir et moi, je n’ai pas su le lui dire assez clairement pour ouvrir un changement. À la suite de ma décision, il a aussi consulté et pris conscience de certains travers venant de son héritage familial, mais pour moi il était trop tard. J’ai poussé ma tolérance à l’extrême et j’ai laissé l’amour s’éteindre. Pour mes filles, ça changera tout. De mon côté, il fallait rebondir et repartir à zéro.

SUIVRE SON COEUR PROFOND

Mon cheminement spirituel est bizarrement au cœur de ce changement. Oui, ce sont mes méditations, mes temps de prière tournée vers le Père qui ont fait monter en moi ce désir de vie pour moi et mes filles. J’ai parlé tellement de fois de l’importance de suivre son cœur profond qu’il devenait incohérent de ma part de rester dans cet univers. Par contre, comme femme croyante mariée en Église, le mouvement n’était pas si évident. Que diraient mes frères et sœurs en communauté? Et mes «papas » du presbytère? Pour la première fois de ma vie, j’ai ressenti un besoin criant du sacrement du Pardon. Seigneur, tu nous as unis et j’y croyais aussi, mais je n’y crois plus. Je n’ai plus envie d’investir dans ce mariage que tu as béni. Pardonne­-moi.

Heureusement, je me suis quand même sentie accueillie, appuyée, aimée. Encore une grâce de ma vie d’enfant de Dieu.

PHOTO : ISTOCKPHOTO.COM/FRANCESCOCH