Voici, la chronique qui se retrouve dans « La vie au Sanctuaire », du  21 au 27 mai écrit par Guylain Prince, franciscain.

Sous l’action de l’Esprit, crampés vers le ciel?

Avec l’Ascension, la semaine dernière, les disciples ont eu la tentation de rester là, le regard tourné vers le ciel. Déjà, le messager céleste — ange, dans la langue du Nouveau Testament — leur disait de ne pas rester là, et de se rendre à Jérusalem pour recevoir « la force d’en haut ». Aussi, aujourd’hui encore, il restera toujours une tendance à chercher Dieu « vers le haut », à tenter de le rejoindre vers le haut. C’est ce que j’appelle, pour les croyants et croyantes, une « crampe céleste ».

Or, le récit de la Pentecôte est l’opposé de cela. Dans les écrits de Luc, l’Esprit est celui qui propulse l’Église vers les autres, c’est un Esprit missionnaire. Ainsi, cette semaine, nous héritons de la mission de Jésus (Ac 2). Pour vérifier si nous sommes habités par l’Esprit? Il suffit de voir comment nous déployons en nous l’être et la mission de Jésus. Comme le dit saint Jean dans sa lettre (1 Jn 4), on sait que l’Esprit nous habite quand on aime comme Jésus a aimé, quand on sert notre prochain à la manière du Maître.

L’Esprit vient d’en haut, non pour que notre regard reste « fixé sur le ciel », mais pour que notre cœur partage la préoccupation de Dieu pour la terre, pour son peuple. C’est d’ailleurs cela, la grande « leçon » du célèbre hymne à la charité de saint Paul (1 Co 13). On peut faire milles choses, toutes plus spectaculaires les unes que les autres, mais cela n’est pas « plongé » ou « imbibé » d’amour, nous sommes des cymbales retentissantes. Paul plus que tout autre a parlé du rôle de l’Esprit dans la vie communautaire : il n’y a qu’un seul Esprit, un seul peuple, un seul Dieu. Au lieu de nous séparer des autres, au lieu de nous garder à distance, l’Esprit nous unifie, fait de nous une communauté. Différents, mais unis dans l’amour bienveillant. C’est là l’œuvre de l’Esprit. Le reste ne l’est pas.

Guylain Prince, o.f.m.