Chronique pour La vie au Sanctuaire, du vendredi le 15 octobre au jeudi le 21 octobre.

Trophées, médailles et podium

Jésus connaissait bien la condition humaine quand il mettait ses disciples en garde devant le danger du pouvoir et des honneurs qui y sont rattachés. Aussi leur disait-il : celui qui voudra devenir grand sera votre serviteur. Non parce que le pouvoir et les honneurs soient mauvais mais parce que l’expérience montre qu’on peut en abuser, les mal utiliser, s’en servir pour humilier et exploiter les autres. À convoiter trop vite trophées, médailles et podium, on risque de ne jamais apprendre à être bien à la dernière place, à ne jamais apprendre à servir humblement et joyeusement.

Les disciples Jacques et Jean voulaient s’assurer des premières places dans le Royaume des cieux : Accorde-nous de siéger dans ta gloire, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche. Jésus leur fera comprendre qu’une telle demande cache une grande naïveté : Vous ne savez pas ce que vous demandez.

En effet, avant de demander les premières places, il est important de faire ses preuves, d’acquérir ses lettres de noblesse. Ils ne savaient pas ce qui les attendait, comme nous d’ailleurs, quand nous avons les mêmes ambitions! Ils imaginaient le Royaume des cieux comme une vaste entreprise concurrentielle, on dirait aujourd’hui une multinationale  dans laquelle on s’embauche pour un travail avec salaire, promotions, régimes de rentes, syndicats, retraite assurée,  assurances tous risques. Pour accéder à ce Royaume, les disciples devront faire face aux exigences d’une conversion en profondeur qui passe par le renoncement à soi et le service des autres, la gratuité, l’humilité.

Avant de nous engager dans la vie à deux, dans le célibat ou le  sacerdoce, peut-être avons-nous entrevu l’avenir de nos engagements comme un match ou comme un jardin de roses. N’avons-nous pas parfois été tentés de convoiter tout de suite les trophées et les médailles en croyant pouvoir échapper aux étapes  des répétitions, des luttes des austérités, des sueurs? « Ne savez-vous pas, a écrit  saint Paul,  que les coureurs dans le stade courent tous mais qu’un seul remporte le prix? Courez de manière à le remporter. Tous les athlètes s’imposent une ascèse rigoureuse mais c’est pour une couronne périssable; mais nous, c’est pour une couronne impérissable. 

Le podium exerce une fascination autant chez les croyants que chez les incroyants. Nous  aimerions faire les récoltes dès le lendemain des semailles! Nous voudrions cueillir les  fruits avant le travail et l’entraînement. Nous rêvons de gravir le podium de la sainteté, dès le point de départ de la course à obstacles qu’est la vie de foi, d’espérance et d’amour à la suite de Jésus.

Paul Arsenault, o.m.i